Royaume-Uni : Allons, encore une fois, répétons : « Messieurs les anglais, tirez les premiers »[1]

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Depuis 2011, le DEFRA (Département de l’Environnement, de l’Agro-alimentaire et des affaires Rurales du Royaume-Uni) a financé 29 groupes locaux d’action (GLA) pour gérer les espèces exotiques envahissantes dans les cours d’eau et milieux annexes.

Fonctionnement

Ces groupes locaux d’action sont initiés par des bénévoles, des associations et divers partenaires qui ont identifié des problèmes liés aux EEE sur leur territoire. Les GLA doivent répondre à des objectifs fixés par le DEFRA, rentrant dans les orientations générales de la stratégie cadre sur les espèces envahissantes non indigènes (non native species strategy). 259 objectifs spécifiques ont ainsi été définis avec les 29 GLA. La plupart concernent des mesures de régulation et d’éradication et un nombre plus restreint concerne la prévention et la détection précoce. La sensibilisation du public a été identifiée comme objectif commun pour tous les GLA.

Financements

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Figure 1. Carte de localisation des Groupes locaux d’action. Source : DEFRA

Un total d’1,5 million de livres (environ 2 millions d’euros) a été accordé pour l’ensemble des 29 GLA, avec une moyenne de 40 000 euros par GLA, mais quatre d’entre elles ont reçu une subvention de 140 000 euros. Les actions engagées ont concerné 34 espèces exotiques envahissantes, avec comme cibles prioritaires les renouées du Japon, la Balsamine de l’Himalaya et la Berce du Caucase. Les échelles géographiques de ces actions sont très variables, depuis des sites ponctuels (étangs, mares), des bassins versants, jusqu’à des régions administratives. En complément des subventions accordées par le DEFRA, les GLA ont mobilisé des ressources locales, dont un nombre important de bénévoles (pour un total de 75 000 heures), plus de 600 000 euros de soutiens financiers et 480 000 euros de soutiens en nature.

Réalisations des GLA

En 2014, la plupart des objectifs fixés aux GLA ont été atteints. Sur 219 objectifs, seuls 18 n’ont pas été atteints. Ils concernent des sites sur lesquels les actions de gestion ont été mal anticipées et où des difficultés techniques ont été rencontrées.

  • L’ensemble des GLA a réalisé d’importantes actions de suivi et de cartographie de la répartition des EEE sur leur territoire d’action, indispensables à la définition d’orientations stratégiques.
  • 60 % des actions de gestion réalisées ont permis d’éradiquer ou de contenir les EEE sur les sites ciblés. Les GLA ont permis de faire émerger des stratégies d’intervention à plus large échelle, assurant la mise en œuvre d’actions sur le plus long terme.
  • Ces initiatives ont également permis d’impliquer les propriétaires et le grand public, de former des bénévoles et des professionnels, donnant parfois naissance à de nouveaux GLA. 2 500 personnes ont ainsi été formées dans ce cadre organisationnel, permettant la constitution d’un réseau de veille et de surveillance sur les territoires.
  • Une contribution importante des GLA a porté sur les campagnes de sensibilisation « Be plant wise » et « check and clean », incitant les usagers des milieux aquatiques à mettre en place des mesures de biosécurité pour éviter la dispersion des EEE.

Les GLA ont néanmoins été confrontés à certaines difficultés concernant l’application des techniques de gestion rencontrées sur le terrain (par exemple pour la Balsamine de l’Himalaya) et particulièrement à l’absence de techniques d’intervention directement efficaces. Le développement des méthodes de contrôle biologique a été fortement demandé par les GLA, notamment pour réguler des populations de Balsamine de l’Himalaya ayant colonisé des superficies très importantes. La taille des territoires déjà colonisés par ces espèces a également constitué un frein notable à la réalisation des objectifs fixés.

Avantages et limites

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Figure 2. Rencontre 2015 des groupes locaux d’action. Source : DEFRA

Les GLA ont permis de coordonner des actions de gestion des EEE sur les territoires en offrant des moments d’échanges entre les diverses parties-prenantes. Selon les rédacteurs du rapport, la force des GLA réside dans leur indépendance et dans leur liberté d’action locale, permettant d’appliquer depuis le terrain des actions « top-down » de gestion et de prévention définies dans la stratégie nationale. Ils arrivent à mobiliser des ressources locales qui n’étaient pas originellement dédiées aux EEE, réalisent des actions de sensibilisation très ciblées et plus efficaces que ne peuvent l’être des actions nationales, et touchent des publics très variés. Ils construisent de plus des liens importants avec les propriétaires qui pourront mettre en œuvre des actions de gestion sur le long terme.

En revanche, la faiblesse des GLA réside principalement dans l’absence actuelle de financement pérenne de leurs actions. La subvention accordée par le DEFRA est pour le moment la seule source de financement décentralisé dédiée aux EEE au Royaume-Uni. Un certain nombre des GLA a développé des partenariats externes mais cette démarche ne suffit pas pour qu’ils puissent être financièrement indépendants de subventions étatiques. Une autre solution envisagée par certains autres est d’intégrer la problématique des EEE dans les objectifs d’organisations territoriales (River trusts par exemple), permettant de mener des actions de gestion des EEE mais sans doute avec une moindre intensité.

Perspectives

Un des objectifs futurs du DEFRA est d’intégrer les opérations de gestion des EEE sur le long-terme, et de débloquer des financements dédiés et pérennes. Une aide à la recherche de partenariats et de sources de financement externes sera proposée aux GLA, et des réflexions plus larges seront menées avec des partenaires stratégiques pour combler l’insuffisance actuelle de financement actuel.

Un soutien sera accordé aux GLA pour promouvoir et valoriser les bonnes pratiques de gestion des EEE qu’ils ont développés, en lien avec le « GB Non native species secretariat » (alimentation du portail d’information, organisation d’un forum d’échanges annuel). Une aide à l’évaluation de leurs actions et à leur amélioration sera proposée, et les actions de prévention et de détection précoce seront renforcées par la définition de nouveaux objectifs stratégiques.

Enfin, la coordination locale des actions et la définition de stratégies par les GLA sera encouragée, ainsi que le développement de partenariats et de volontariats.

Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN, janvier 2016.

[1] En référence aux mots prononcés par le Comte d’Auteroche, lors de la bataille de Fontenoy, sous le règne de Louis XV (http://vdaucourt.free.fr/Mothisto/Auteroche/Auteroche.htm)

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