Quels impacts du Raton laveur sur les cultures agricoles guadeloupéennes ?

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Pastèque et mangue consommées par un raton laveur © ONCFS

Dans le numéro spécial Outre-mer de la lettre d’information du GT IBMA, paru en juin 2017, nous faisions état de la réalisation d’un stage, financé par la Fédération des chasseurs de Guadeloupe, visant à évaluer et caractériser les dégâts causés par le Raton laveur aux cultures et aux élevages.

Longtemps considérée comme une espèce endémique de l’île (Procyon minor), le « racoon » a été classé sur la liste des espèces protégées de Guadeloupe en 1989. Des analyses génétiques réalisées en 1998 ont finalement révélé qu’il s’agissait de la même espèce que celle présente en Amérique du Nord (Procyon lotor), probablement introduite au début du XIXe siècle.

Sa capacité de colonisation et son impact potentiel sur le milieu naturel ont conduit à sa requalification en tant qu’espèce exotique envahissante. Il a donc été supprimé de la liste des mammifères protégés de Guadeloupe dès 2018 (arrêté ministériel du 17 janvier 2018) et son statut devrait donc être revu à l’occasion de l’application du règlement européen sur les EEE en outre-mer.

Dans ce cadre, il apparaissait nécessaire d’identifier les dommages causés par cette espèce. De nombreux témoignages ont rapporté des dégâts parfois importants sur les cultures maraîchères, observations confirmées par une première étude de l’ONCFS réalisée en 2010-2011. Afin de définir plus précisément les impacts du Raton laveur sur les cultures agricoles guadeloupéennes, une enquête auprès des agriculteurs a donc été réalisée en 2017.

Ce travail a permis de mieux évaluer l’importance des dégâts causés par l’espèce, leur répartition et leurs caractéristiques. Sur 187 producteurs de 23 communes de Guadeloupe, 40 % ont déclaré avoir déjà subi de tels dégâts. Les zones touchées sont réparties sur toute l’île et la gamme des productions concernées est très large. En effet, si les ratons laveurs sont connus pour s’attaquer à certains fruits (pastèque, melon, ananas), ils consomment également les tubercules (igname, madère, patate douce), la banane, la canne à sucre et même des volailles dans certains élevages. Les chiffres obtenus démontrent qu’il ne s’agit pas d’un phénomène marginal mais que beaucoup d’exploitations sont concernées et que pour certaines, l’importance des dégâts peut parfois atteindre des seuils critiques pour le producteur.

Les dégâts ont lieu de nuit, toujours sur des plantations à maturité. Sur la plupart des cultures attaquées, ils sont caractéristiques : les fruits à peau dure sont troués et vidés, les autres sont épluchés ou croqués, et la canne à sucre est coupée et torsadée.

Raton laveur consommant un régime de banane observé au piège photographique © ONCFS

Concernant les facteurs influençant la répartition des dégâts de Raton laveur, les résultats concordent avec ceux obtenus lors d’études scientifiques américaines (MacGowan et al., 2006 ; Retamosa et al., 2008) : la proximité de l’eau et d’un couvert forestier favorise les déplacements des individus, les dégâts sont ainsi concentrés dans ces secteurs.

Si les résultats de cette étude ne sont ni exhaustifs, ni généralisables à toute la Guadeloupe, ils donnent néanmoins un premier aperçu de l’impact du Raton laveur sur les cultures, qui constituera un élément important dans la prise de décision concernant d’éventuelles mesures de gestion à appliquer à l’espèce.

Rédaction : Blandine Guillemot, Responsable de la cellule technique Antilles françaises à l’ONCFS
Angélique Gourdol, Stagiaire de SupAgro Montpellier à l’ONCFS
Relectures : Doriane Blottière et Emmanuelle Sarat, Comité français de l’UICN, Alain Dutartre, expert indépendant

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