Plusieurs espèces de bipaliinés (Plathelminthes) exotiques repérées en France

 In A surveiller de près

« Des vers géants envahissent la France » : sous ce titre un brin racoleur de nombreux articles de presse ont relayé une récente publication présentant la découverte de plusieurs espèces de Plathelminthes exotiques introduits en France et attirant l’attention sur l’insuffisance des connaissances sur ces espèces (Justine et al., 2018).

Bipalium kewense © Pierre Gros

Ces vers plats exotiques de la famille des Geoplanidae ont été identifiés grâce à un programme de sciences participatives débuté en 2013, ayant pour objectif d’obtenir des informations sur les planaires terrestres, dont les espèces indigènes en Europe ne dépassent généralement pas 1 cm de long. Les données rassemblées ont permis de constater la présence en France de 5 espèces de bipaliinés exotiques (genres Bipalium et Diversibipalium), 3 en métropole et 2 en outre-mer, dont deux n’ayant pas été précédemment décrites. Facilement reconnaissables à leur tête en forme de marteau, ces planaires terrestres de grande taille (pouvant dépasser 20 cm de long) originaires d’Asie ont probablement été introduites via le commerce de plantes horticoles. Plusieurs des observations recueillies par le programme ont fait état d’importantes densités locales d’individus et de nombreuses informations sont localisées dans le département des Pyrénées-Atlantiques, dont le climat doux et humide conviendrait particulièrement à ces espèces, sensibles au gel et à la sécheresse. Les analyses moléculaires réalisées à partir de plusieurs spécimens envoyés au Muséum national d’histoire naturelle ont révélé une absence de variabilité génétique, les individus analysés seraient donc issus de clones se reproduisant pas scissiparité.

Répartition des signalements des Plathelminthes bipaliinés en France métropolitaine.

La taille de ces vers prédateurs, les classant parmi les plus gros invertébrés, et leur toxicité (présence de tétrodotoxine), suggèrent un impact négatif potentiel non négligeable sur la microfaune du sol notamment par la prédation des lombrics, et par extension sur l’ensemble de l’écosystème. Certaines informations récupérées, dont un film amateur datant de 1999, permettent de dater la présence de ces planaires en France à au moins une vingtaine d’année. Aussi, les auteurs de l’article se déclarent-ils étonnés de la quasi absence de données disponibles sur ces invertébrés, et intrigués par le fait que, malgré leur grande taille les rendant visibles, ils aient jusqu’alors échappé à l’attention des scientifiques et des autorités. Ils appellent à développer les études sur ces espèces, notamment pour évaluer leur impact écologique.

Rédaction : Doriane Blottière, Comité français de l’UICN
Relecture : Alain Dutartre, expert indépendant

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